Steve Jobs est mort !
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05102011
Steve Jobs est mort !
Steve Jobs n'était qu'un simple mortel
© ap
Steve Jobs, le co-fondateur d'Apple, n'est plus. Avec son décès à
l'âge de 56 ans, disparaît l'un des pionniers de la révolution
technologique de la fin du 20e et début du 21e siècle. Retour sur la
success story d'un homme devenu une légende...vivante.
© photo news
Que va faire Apple sans Steve Jobs ? Si la société a certainement les
ressources pour lui survivre, elle perd là son emblème historique,
véritable icône associée à jamais à cette pomme croquée à pleine dent,
dont ce végétarien raffolait et qui lui rappelait son enfance passée
dans les pommeraies d'Oregon. À l'exception de son meilleur ami/ennemi
Bill Gates, jamais un dirigeant n'aura autant incarné une société,
fondée avec son ami Steve Wozniak au milieu des années septantes, et qui
fera de lui, à 27 ans à peine, le membre le plus jeune du Fortune 400,
le club mondial des personnes les plus riches de la planète.
Si
aujourd'hui Jobs a fait de son bébé la première capitalisation boursière
du marché américain, ex-aequo avec ExxonMobil, ils n'ont pas toujours
fait cause commune. Cet orphelin de San Francisco, adopté par Paul et
Clara Jobs peu après sa naissance, fut débarqué en 1985 de sa propre
société pour avoir mal estimé les ventes du Macintosh, le premier
ordinateur grand public lancé en 1984 mais distancé par l'IBM PC, et
fait naître chez ses collaborateurs une certaine rancœur en raison d'un
management agressif et exigeant de plus en plus critiqué.
Comble
du comble, Jobs sera éjecté par John Sculley, celui-là même qu'il avait
débauché de Pepsi, estimant qu'il valait mieux saisir une chance de
sauver le monde que de passer le reste de ses jours à vendre de l'eau
sucrée. Placardisé par Sculley, Jobs se dévêtira dans la foulée de son
costume de président honorifique en même temps qu'il ravalera son égo,
lui qui était définit comme le plus grand égotiste de la Silicon Valley.
La vente d'un cinquième de ses actions lui rapportera 20 millions de
dollars et en dépit d'avoir été « Steved » (de l'expression « to be
Steved » qui signifie « être viré de sa propre entreprise »), débauchera
cinq cadres de son ancienne boîte, provoquant l'ire de Sculley. Bien
qu'ébranlé par cette éviction, Jobs créera NeXT en 1986, mais surtout,
réalisera, sans le savoir, un coup fumant en rachetant à LucasFilm les
studios d'animation Pixar, évitant à George Lucas de vendre le label
Star Wars pour payer son divorce.
Vingt ans plus tard, Jobs
revendra la boîte (dont il est l'actionnaire majoritaire à hauteur de
50,7%) créatrice de Toy Story, de Monsters & Cie ou du Monde de Nemo
pour quelques 7,4 milliards de dollars à Disney. Entre-temps, ce père
de quatre enfants avait réintégré, par la grande porte, son bureau du 1,
Infinite Loop de Cupertino où il fut appelé à la rescousse pour «
apporter une grande expérience et du tissu cicatriciel ». Apple, dont
l'action avait atteint en 1996 son niveau le plus bas depuis 12 ans,
aspirait contre 430 millions de dollars le NeXT de son désormais super
conseiller qui empochait au passage 1,5 millions d'actions. La
révolution était en marche.
« La solution pour Apple n'est pas
dans la réduction des coûts. La solution pour Apple est dans
l'innovation », dira-t-il à son retour, inaugurant une nouvelle ère du
design Apple. Le Mac du 20e anniversaire est la première œuvre de Jon
Ive, embauché pour redynamiser le design des ordinateurs Apple. Il
préfigurait l'iMac G3, commercialisé en août 1998, et qui marquera
définitivement le renouveau de la marque avec la combinaison, dans un
seul et même boitier, d'un écran 15 pouces et d'une unité centrale.
Livré avec un clavier et une souris s'accordant à la couleur du boîtier,
l'iMac G3 réunit ce que Jobs avait retenu de sa première période Apple
(l'importance du design) et de sa période NeXT qui l'a convaincu de la
primauté du logiciel sur le matériel.
Une combinaison gagnante
qui va lancer la marque et envahir l'univers du multimédia, en quelques
années. En 2001, sortait le premier iPod, ce baladeur numérique à disque
dur (les déclinaisons utilisent une mémoire flash) dont la gestion
s'effectuera depuis le logiciel iTunes qui contient la plate-forme
iTunes Store, devenu rapidement incontournable dans le département de
l'achat en ligne de musique et d'autres contenus. Une révolution chez
Apple, qui va voir son core business profondément modifié, et dans le
monde de la musique. L'iPhone, lancé en 2007, va ensuite définitivement
changer la face d'Apple, devenu bien plus qu'un fabricant d'ordinateurs.
Si
la santé financière d'Apple est au beau fixe, celle de son illustre
créateur vacille. En 2003, une tumeur maligne au pancréas est
diagnostiquée. Une forme rare de cancer pancréatique qui emportera deux
ans plus tard Jef Raskin, le père du Mac. De rumeurs en communiqués
officiels, de congés maladies en séjour à l'hôpital, la société se pose
des questions sur l'état de santé de sa tête pensante. De son sauveur.
S'il reste tantôt discret, tantôt rassurant ou en aveux d'une
transplantation du foie en 2009, chacune de ses apparitions déclenche
son lot de questions et crispe la valeur des actions boursières, qui
évoluent en fonction de la santé de son charismatique dirigeant.
Devenu
trop maigre pour être bien portant, flottant dans son traditionnel et
célèbre t-shirt sombre sur blue-jean clair, Steve Jobs multiplie les
absences et confie à Tim Cook la gestion quotidienne du groupe. Sa
dernière apparition surprise au WWDC de San Francisco à l'occasion du
lancement de l'iPad 2 en mars dernier a dissipé les derniers doutes sur
son état de santé. Et sa démission le 24 août dernier faisait figure de
premier avis nécrologique. Son décès vient nous rappeler qu'il fait
bel et bien partie des «mere mortals», comme il aimait définir les
utilisateurs Apple lors de ses célèbres discours. Oui, Steve Jobs est un
simple mortel. On avait fini par l'oublier. (LS)
© ap
Steve Jobs, le co-fondateur d'Apple, n'est plus. Avec son décès à
l'âge de 56 ans, disparaît l'un des pionniers de la révolution
technologique de la fin du 20e et début du 21e siècle. Retour sur la
success story d'un homme devenu une légende...vivante.
© photo news
Que va faire Apple sans Steve Jobs ? Si la société a certainement les
ressources pour lui survivre, elle perd là son emblème historique,
véritable icône associée à jamais à cette pomme croquée à pleine dent,
dont ce végétarien raffolait et qui lui rappelait son enfance passée
dans les pommeraies d'Oregon. À l'exception de son meilleur ami/ennemi
Bill Gates, jamais un dirigeant n'aura autant incarné une société,
fondée avec son ami Steve Wozniak au milieu des années septantes, et qui
fera de lui, à 27 ans à peine, le membre le plus jeune du Fortune 400,
le club mondial des personnes les plus riches de la planète.
Si
aujourd'hui Jobs a fait de son bébé la première capitalisation boursière
du marché américain, ex-aequo avec ExxonMobil, ils n'ont pas toujours
fait cause commune. Cet orphelin de San Francisco, adopté par Paul et
Clara Jobs peu après sa naissance, fut débarqué en 1985 de sa propre
société pour avoir mal estimé les ventes du Macintosh, le premier
ordinateur grand public lancé en 1984 mais distancé par l'IBM PC, et
fait naître chez ses collaborateurs une certaine rancœur en raison d'un
management agressif et exigeant de plus en plus critiqué.
Comble
du comble, Jobs sera éjecté par John Sculley, celui-là même qu'il avait
débauché de Pepsi, estimant qu'il valait mieux saisir une chance de
sauver le monde que de passer le reste de ses jours à vendre de l'eau
sucrée. Placardisé par Sculley, Jobs se dévêtira dans la foulée de son
costume de président honorifique en même temps qu'il ravalera son égo,
lui qui était définit comme le plus grand égotiste de la Silicon Valley.
La vente d'un cinquième de ses actions lui rapportera 20 millions de
dollars et en dépit d'avoir été « Steved » (de l'expression « to be
Steved » qui signifie « être viré de sa propre entreprise »), débauchera
cinq cadres de son ancienne boîte, provoquant l'ire de Sculley. Bien
qu'ébranlé par cette éviction, Jobs créera NeXT en 1986, mais surtout,
réalisera, sans le savoir, un coup fumant en rachetant à LucasFilm les
studios d'animation Pixar, évitant à George Lucas de vendre le label
Star Wars pour payer son divorce.
Vingt ans plus tard, Jobs
revendra la boîte (dont il est l'actionnaire majoritaire à hauteur de
50,7%) créatrice de Toy Story, de Monsters & Cie ou du Monde de Nemo
pour quelques 7,4 milliards de dollars à Disney. Entre-temps, ce père
de quatre enfants avait réintégré, par la grande porte, son bureau du 1,
Infinite Loop de Cupertino où il fut appelé à la rescousse pour «
apporter une grande expérience et du tissu cicatriciel ». Apple, dont
l'action avait atteint en 1996 son niveau le plus bas depuis 12 ans,
aspirait contre 430 millions de dollars le NeXT de son désormais super
conseiller qui empochait au passage 1,5 millions d'actions. La
révolution était en marche.
« La solution pour Apple n'est pas
dans la réduction des coûts. La solution pour Apple est dans
l'innovation », dira-t-il à son retour, inaugurant une nouvelle ère du
design Apple. Le Mac du 20e anniversaire est la première œuvre de Jon
Ive, embauché pour redynamiser le design des ordinateurs Apple. Il
préfigurait l'iMac G3, commercialisé en août 1998, et qui marquera
définitivement le renouveau de la marque avec la combinaison, dans un
seul et même boitier, d'un écran 15 pouces et d'une unité centrale.
Livré avec un clavier et une souris s'accordant à la couleur du boîtier,
l'iMac G3 réunit ce que Jobs avait retenu de sa première période Apple
(l'importance du design) et de sa période NeXT qui l'a convaincu de la
primauté du logiciel sur le matériel.
Une combinaison gagnante
qui va lancer la marque et envahir l'univers du multimédia, en quelques
années. En 2001, sortait le premier iPod, ce baladeur numérique à disque
dur (les déclinaisons utilisent une mémoire flash) dont la gestion
s'effectuera depuis le logiciel iTunes qui contient la plate-forme
iTunes Store, devenu rapidement incontournable dans le département de
l'achat en ligne de musique et d'autres contenus. Une révolution chez
Apple, qui va voir son core business profondément modifié, et dans le
monde de la musique. L'iPhone, lancé en 2007, va ensuite définitivement
changer la face d'Apple, devenu bien plus qu'un fabricant d'ordinateurs.
Si
la santé financière d'Apple est au beau fixe, celle de son illustre
créateur vacille. En 2003, une tumeur maligne au pancréas est
diagnostiquée. Une forme rare de cancer pancréatique qui emportera deux
ans plus tard Jef Raskin, le père du Mac. De rumeurs en communiqués
officiels, de congés maladies en séjour à l'hôpital, la société se pose
des questions sur l'état de santé de sa tête pensante. De son sauveur.
S'il reste tantôt discret, tantôt rassurant ou en aveux d'une
transplantation du foie en 2009, chacune de ses apparitions déclenche
son lot de questions et crispe la valeur des actions boursières, qui
évoluent en fonction de la santé de son charismatique dirigeant.
Devenu
trop maigre pour être bien portant, flottant dans son traditionnel et
célèbre t-shirt sombre sur blue-jean clair, Steve Jobs multiplie les
absences et confie à Tim Cook la gestion quotidienne du groupe. Sa
dernière apparition surprise au WWDC de San Francisco à l'occasion du
lancement de l'iPad 2 en mars dernier a dissipé les derniers doutes sur
son état de santé. Et sa démission le 24 août dernier faisait figure de
premier avis nécrologique. Son décès vient nous rappeler qu'il fait
bel et bien partie des «mere mortals», comme il aimait définir les
utilisateurs Apple lors de ses célèbres discours. Oui, Steve Jobs est un
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